Je me dissous

Je me dissous

Je me dissous.

Je me sens comme une goutte de pluie qui tombe dans un lac paisible.

En tombant, elle se dissout dans cette immensité aquatique et elle n’est plus la pluie, elle devient quelque chose de plus…

C’est l’alchimie des cycles naturels.

Ainsi, je me sens aujourd’hui perdu dans ma propre dissolution.

Je ne sais pas ce que je deviens.

Qui j’ai cru être.

Je ne le suis déjà plus.

Je perds une image diffuse de ce que je croyais être

Sincèrement j’ai peur.

Je me sens comme un grain de sel qu’on utilise comme ingrédient

pour cuisiner les aliments.

Dans la chaleur, dans la vapeur, ce grain minuscule disparaît dans l’ensemble solide et liquide de vitamines et minéraux qui nourrissent le Corps et l’Esprit et qui donnent goût à la Vie.

 

Je me dilue.

C’est ma propre dissolution.

Il est paradoxal de dire : moi  et moi-même.

Ça sonne comme deux entités séparées.

Je reconnais que j’ai passé du temps à être à coté de moi-même.

Étranger à celui que je suis.

Étranger à l’humanité qui bénit mes poumons.

 

Je suis devenu un exilé du souffle de l’existence

et j’ai oublié de respirer l’Esprit Divin  qui coule dans ma propre inspiration

et dans ma propre expiration.

 

Je suis désolé mais j’ai oublié l’Essentiel.

Je demande pardon pour avoir pris le mauvais chemin.

Je confesse qu’en oubliant  qui je suis ma vie a trébuché sur une membrane aqueuse fissurée de douleur.

C’est comme si j’étais devenu un voisin de moi-même, un étranger qui paie une dette, qui paie un loyer dans une autre maison, celle du voisin.

 

Je suis devenu un solitaire perdu dans le désert de la vie.

 

J’ai perdu le sens de l’appartenance à la constellation de l’Amour et aux champs dorés du Savoir. Cette séparation, qui est comme un puzzle dans l’Âme est la cause de la douleur et de la blessure profonde que je porte en mes entrailles.

Je pleure comme une rivière qui traverse les sources du sentiment humain.

Me rendre compte de cela, c’est voir l’étoile que mon Destin allume…

C’est la Lumière qui annonce sa Présence dans le Foyer vivant sous ma peau.

C’est un passage de l’Âme qui me fait traverser une forêt obscure, ténébreuse et redoutable.

C’est comme voir le Soleil entre les nuages, voir des rayons de Lumière,

qui avec la pression atmosphérique provoquent des tempêtes, des éclairs, des tonnerres et des torrents d’eau qui nous inondent

-Jusqu’à ce que se dissipe le mauvais temps-

 

Est-ce que je suis dans ce moment un peu avant l’Aube ?

Est-ce que je suis dans ce moment, le plus obscur de la nuit, avant que naisse le jour ?

La vérité est que je ne sais rien devant l’immensité de ce Lac paisible,

devant cette substance qui a dissout le grain de sel dans son propre monde énergétique et moléculaire.

Je ne suis rien ni personne devant l’Univers, ni devant la Lumière qui enveloppe mon Corps  et mon Âme.

 

Est-il possible que je me dilue dans les Océans pour devenir écume avec la mer ?

Où que je rapetisse pour devenir l’enfant innocent que j’ai été une fois?

Où est ce que je deviens invisible dans ma propre matière

pour découvrir le véritable Cosmos qui vit dans le noyau de mes cellules ?

 

Ou bien est ce que les cultures semées précédemment se dilatent dans ma poitrine pour construire le champ humain que mon Être réclame ?

 

Mais qui suis-je ?

 

Ce passage de la Vie, je ne le connais pas.

Je sais d’où je viens. Je vis ma vie dans un miroir d’illusions.

Une Vérité prend le dessus.

Je vois ce que je dois voir dans mon ombre quand je dors allongé  sur l’arbre de mon propre jardin.

C’est ténébreux, dense, obscur…

Je ne sais où je suis ni où je vais…

L’incertitude me guette.

J’ai peur.

 

Ce que j’ai été une fois et ce que je suis toujours (comme des reflets de mes propres illusions). Et ce qui m’a aidé à mener ma Vie sur la corde de la survie se dilue maintenant  dans la vapeur des voies de l’Âme …

Je ne connais pas cette profondeur.

Jamais auparavant je n’ai navigué aussi loin dans les profondeurs de la vie

Comme je le fais maintenant.

Et il semble que je puisse me noyer.

J’ai très peur !

Je sens que je ne peux rien faire de plus,

qu’il n’y a rien à faire.

J’abandonne !

 

Bien que je résiste tant, car j’ai été et je suis prisonnier de mes pensées,

J’apprends à m’en remettre au Cœur du Grand Esprit, aux bras aimants de la Terre Mère.

Et j’espère que Dieu me garde un siège dans son alcôve.

 

J’apprends, dans mes angoisses et douleur à me rendre- pas à pas-

à la Lumière qui m’enveloppe.

 

Dans la voix de mon cœur j’entends que ma lutte ancestrale est sur le point de céder à un nouvel éveil, qu’elle se dissout entre les eaux douces et salées,

entre miel et vinaigre.

Et ce qui était séparé en moi –depuis des siècles-

Commence à se rassembler dans une seule particule de rien avec le Tout.

 

Comme j’ai prétendu être quelqu’un que je n’ai jamais été et que je voulais en savoir beaucoup,

j’apprécie maintenant que l’inconnu et le Mystère me fassent peur.

 

Je suis sur la Voie…

 

C’est la dissolution de qui je croyais être en qui je Suis en vérité.

C’est l’équilibre de l’Être entre les Arts du vivre….

C’est le Véritable But de la Vie, c’est l’Unité, c’est Tout…

 

J’apprends que je Suis un avec Dieu.

Et réaliser cet acte humain d’être un avec moi-même

me fait ressentir la pulsation vitale qui donne un sens à ma vie.

 

Et Dieu est cela :

une Vallée infinie,

un Vent incommensurable,

un souffle invisible,

que  nous pouvons  seulement ressentir dans le Silence

et dans la musique à l’unisson de l’Âme,

dans laquelle le corps, la respiration et les sentiments se diluent

avec son Amour qui nous caresse, prend soin de nous, nous protège…

 

Une Porte s’ouvre :

Je vois la main qui peint et crée mon Destin.

Je danse entre des couleurs claires et obscures.

C’est ma Vie !

Je vois mon Âme !



X